Le triste sort des chevaux de courses…
Alors qu’il semble chouchouté, le sort d’un cheval de course n’est pas très enviable. Chaque année, 18 000 compétiteurs potentiels naissent en France. On produit bien plus que la demande et on élimine sans scrupule les moins performants.
Le poulain qui doit naitre impérativement en début d’année, sera sevré à 6 mois. Le lait maternel, complémenté les premiers mois, est totalement remplacé au sevrage par des nutriments qui vont assurer une pousse rapide. En quelques mois, le foal se transforme au point que lorsqu’il passe dans la catégorie yearling, au 1er janvier de l’année qui suit sa naissance, il ressemble plus à un poulain de 3 ans qu’a un poulain de l’année !
Il ressemble mais n’a pas la solide structure osseuse d’un poulain « normal » de 3 ans.
C’est uniquement le souci de rentabilité qui l’impose ! L’éleveur de chevaux de course est soumis à la loi du genre car dès le 18éme mois, le yearling est mis au boulot. Il est ferré et est équipé d’embouchures sévères dès qu’il sort ! Il apprend à recevoir une selle et à supporter le poids du cavalier ou à être attelé.
A ce stade, on imagine facilement ce que vont endurer les articulations et les attaches tendineuses qui, elles, n’ont pas eu le temps de suivre la croissance musculaire accélérée. L’ensemble de la chaine tendineuse d’un cheval met sept ans pour être opérationnelle…
Sélection par élimination directe :
A 2 ans, les poulains sont pris en charge par les entraineurs. Tous les poulains ne réussissent pas leur passage dans les usines d’entrainement. Les moins performants, c'est-à-dire 80% de la production sont envoyés au rebut !
Le stress ambiant est à la mesure des enjeux financiers dont l’acteur principal, le cheval, est instrumentalisé. L’homme est prêt à tout et n’importe quoi pour gagner ces fameuses courses.
Le cheval de course est déchu de sa condition d’individu et rangé sans questionnement dans la case « investissement financier ». Ce statut en fait un objet qui va être soumis à une obligation de résultat. Et pour arriver au but, tous les moyens sont bons, même les plus ignobles.
Une destruction systématique et irréversible :
Placé dans un quotidien de vie pénalisant pour son corps, le poulain va, tout au long de sa courte carrière, « lâcher de partout ». Les poulains ferrés (avant même que la boite cornée ne soit dans ses cotes), montés et mis à l’effort trop jeunes, ont donc des pathologies dorsales et développent des pathologies articulaires et tendineuses souvent irréversibles. Ces désordres sont réduits par l’administration de produits qui sont classés comme étant thérapeutiques, alors qu’en fait ils s’apparentent à du dopage.
Soumis à des cocktails plus ou moins heureux, il arrive régulièrement que le poulain meure d’arrêt cardiaque.
Plus de la moitié des chevaux de courses mis au rebut le sont pour des problèmes locomoteurs.
Un cheval qui n’est pas assez performant durant les épreuves qualificatives, est dit « réformé ». Il l’est donc entre 1 an et 6 ans.
A savoir :
Soyons sûrs d’une chose, au-delà de l’habile présentation qui voudrait nous faire croire que les chevaux réformés sont adoptés, nous confirmons que la plupart se retrouvent chez l’équarisseur ou l’engraisseur, qui va faire gagner du poids aux réformés avant le couteau.
80% des chevaux abattus en France sont des trotteurs de moins de 10 ans, 20% sont des poulains de moins de 2 ans.
Cheval de trait, cheval de trot ou de trop ?
Dans leurs statistiques officielles tous les chevaux mis à la boucherie sont classés comme étant « cheval de trait ». Ils font ainsi croire aux amoureux des chevaux que seuls les chevaux lourds sont mis à l’abattoir. La réalité est tout autre.
Pour éviter la destination bouchère aux chevaux de courses, des associations bénévoles essaient de lutter en tentant de récupérer des fonds pour prendre en charge les chevaux réformés.
Mais comment offrir une seconde chance à 19 000 chevaux par an ? C’est impossible !
D’un coté, un chiffre global de 10 milliards d’euros généré par les courses de chevaux, de l’autre 1/50 000ème accordé à la retraite des plus chanceux. Ils cotisent fort sur les champs de courses mais ne voient pas la couleur de leur investissement en « points retraites » !
Les autorités tentent de réduire les naissances en offrant pour les trotteurs une prime de 2500€ aux éleveurs qui ne font pas saillir leur jument. L’éleveur touche la prime et envoie son animal devenu improductif à l’abattoir.
On peut donc dire que les sociétés des courses sont en réalité des sociétés d’amélioration de la boucherie chevaline…
Les coulisses des courses :
On peut les définir comme musée des horreurs:
Les rênes sont équipées de pointes qui entrent dans l’encolure, pour forcer le cheval à s’incurver, les mors incroyables avec appui sur le palais pour éviter au trotteur de se mettre au galop, les picots sur la muselière…
La liste est longue, l’imagination fait rage à tous les étages d’intervention.
Sur les gradins, le public vibre, se lève, exulte. Les tiroirs caisses ventilent la monnaie. Tout le monde y trouve son compte. Les parieurs rêvent, l’Etat encaisse, les jockeys soignent leurs egos, les entraineurs se prennent pour des hommes de chevaux, les vétérinaires expérimentent leurs potions magiques, les sociétés de pari se régalent…et les chevaux qui n’ont rien demandé encaissent physiquement et mentalement dans le silence.
Dans le monde des courses, il y a peu de respect pour les chevaux !
Source : Magzine planete cheval au naturel (nov, déc 2010 et janv 2011) + photos du net